Le Crédac

La belle hypothèse

Delphine Coindet

Si les images d’aujourd’hui ne sont plus faites pour durer et ne démontrent plus rien d’autre que leur appartenance à un flux de données devenu incontrôlable… Mon travail consiste alors moins à fabriquer, qu’à extraire certaines images de ce flux, magma mathématique, et à les donner comme les preuves de l’existence d’un monde artificiel en perpétuel devenir… Comme de « belles hypothèses ». Delphine Coindet

Parce qu’une des questions centrales posées par le travail de Delphine Coindet réside dans la notion de passage, l’exposition au Crédac porte le beau titre générique de La belle hypothèse.

En effet, dans son processus de création, l’artiste passe du dessin en 2 dimensions à la sculpture en 3 dimensions, passe de la fiction à la réalité, passe du lisse de l’image fabriquée par une machine, donc d’un univers numérique abstrait, à une densité des matériaux, à la question du poids et de la pesanteur.

Tout autant de préoccupations essentielles de la sculpture. Passage délicat d’un univers, d’un monde, virtuel, artificiel à un autre, celui de la matérialité à l’épreuve du lieu, aux justes proportions, à l’échelle.

La belle hypothèse est une composition à partir d’éléments conçus comme les fragments d’un paysage artificiel. Delphine Coindet a fait un choix précis, complexe et singulier : trois éléments (une trinité) trouvent un point de contact physique et visuel à l’endroit de l’équilibre. Un paysage stylisé : une flaque bleue, gonflée, sur laquelle repose un E (comme élément, éphémère, équilibre, étiré, énoncé). Une fleur (artificielle et stable) y est posée et mise en lumière.

Pilote, version verticale de deux E inversés est un panneau indicateur, qui “tient la route”. Une sculpture verticale et trois panneaux, colorés, abstraits.

Pilote comme celui qui conduit, mais aussi peut-être comme le numéro 0 d’un feuilleton, un essai, une esquisse de projet néanmoins réalisé, à tester auprès du public, avant la mise en route …

Ces deux sculptures contemporaines, ne sont pas des environnements au sens de l’installation in situ, même si elles ont été pensées au format du lieu d’accueil. Elles sont véritablement autonomes, non inscrites, transportables, nomades, démontables. Elles retrouvent donc leur autonomie d’origine, de l’univers de l’écran, à l’environnement du Crédac, empreintes de densité mais aussi de légèreté comme des images.

Claire Le Restif

Vidéo(s)

Film de l’exposition © Claire Le Restif / le Crédac

Biographie artiste

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