Le Crédac

Présentation

LES MISSIONS D’UN CENTRE D’ART

Le Centre d’art contemporain d’Ivry - le Crédac a pour mission la programmation artistique dans le domaine des arts visuels. Pensé et organisé comme un lieu de production et d’expérimentation pour les artistes français et étrangers, il favorise la rencontre sensible entre le public et les œuvres. Des événements ouverts à tous les publics sont organisés pour chaque exposition.

La programmation du Crédac reflète la diversité des pratiques actuelles : peinture, photographie, vidéo, son, graphisme, sculpture, installation, performance.
Créé en 1987, le Crédac s’est installé en 2011 au 3e et dernier étage du bâtiment « américain » de la Manufacture des Œillets, fleuron du patrimoine industriel d’Ivry. Ce bâtiment de brique et d’acier, construit en 1913 sur le modèle américain de la Daylight Factory, aux formes claires et modernes rappelant l’école de Chicago, est l’un des premiers exemples de fonctionnalisme en France. Ses façades entièrement vitrées établissent un continuum entre la ville et l’espace d’exposition. La force historique et plastique d’un lieu ainsi que la mémoire d’un territoire sont déterminantes pour de nombreux artistes aujourd’hui.

Ce bâtiment est fidèle à sa fonction première : un outil de production. Il abrite un atelier de création et de production, un lieu dédié aux pratiques artistiques et aux rencontres avec le public, une librairie, ainsi qu’un un fonds documentaire (accès sur rendez-vous).

Le Crédac ne se définit pas seulement en termes de mètres carrés. C’est un lieu de compagnonnage intellectuel, critique et technique pour les créateurs. C’est un programme qui interroge notre société et répond au sens critique d’un public curieux. C’est un projet artistique et culturel soutenu par des partenaires publics et privés, accompagné par un conseil d’administration engagé et conçu par une équipe professionnelle connue pour sa volonté de défricher le terrain et de donner aux artistes l’opportunité d’exposer leur positionnement critique et sensible.

En septembre 2018, le Crédac a reçu le label « Centre d’art contemporain d’intérêt national » du ministère de la Culture.

L’ÉQUIPE

  • CLAIRE LE RESTIF — directrice et commissaire d’exposition
    Claire Le Restif est diplômée en histoire de l’art. En 2003, elle devient directrice du Centre d’art contemporain d’Ivry - le Crédac.
    Entre 2002 et 2018, elle organise plusieurs expositions à l’étranger, notamment au Smack Mellon Art center à Brooklyn, à la Kunsthalle Palazzo à Liestal, au Kunsthaus Baseland à Bâle, à Attitude à Genève, au Kunstverein de Nurnberg, au Akbank Sanat Center d’Istanbul, et à la Contemporary Art Gallery de Vancouver. En 2005, elle a été commissaire du Prix Altadis à Madrid et à Paris. En 2008, elle a mis en place Royal Garden, un projet curatorial en ligne sur le site du Crédac. En 2011, elle a installé le Crédac à la Manufacture des Œillets à Ivry. Le projet s’est développé avec la création en 2016 du Crédakino, un espace dédié à la vidéo, et par une résidence d’artistes en 2019.
    Parmi les expositions qu’elle a organisées au Crédac figurent les premières expositions personnelles en France de Leonor Antunes, Liz Magor, Ana Jotta, Friedrich Kunath, Bojan Šarčević, Alexandra Bircken, entre autres. En 2019, elle est commissaire d’exposition pour le prix de la Fondation d’entreprise Ricard. Elle publie régulièrement des textes et est invitée à siéger dans divers jurys et conseils d’administration. De 2015 à 2020, elle a été professeur associé au Master « Art contemporain et son exposition » de la Sorbonne-Université.
  • BENOÎT CAUT — chargé de l’accueil et de la médiation périscolaire
    Benoît Caut est diplômé d’un master en Métier de la Culture à l’IESA. Il a travaillé en médiation culturelle et auprès des jeunes publics, au Centre Pompidou (2017), à la Fondation Louis Vuitton (2018), à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (2019-2021), à l’Éducation nationale en tant qu’AESH, au MAC VAL et pour la revue et association DADA (2020), puis à Bétonsalon – centre d’art et de recherche (2021-2022) et au sein de l’agence BIM - Bureau Indépendant de Médiation Culturelle pour différents lieux comme le 19M et les Magasins Généraux (2022-2023). Il rejoint l’équipe du Crédac en janvier 2024.
  • JULIA LECLERC — médiatrice
    Après une licence d’histoire de l’art, Julia Leclerc obtient un master en conservation et diffusion de l’art contemporain à l’Université Paul Valéry de Montpellier. Elle a intégré les services des publics du Domaine départemental de Chamarande (2007 à 2009), de la Pinacothèque de Paris (2010-2011) et de l’Abbaye de Maubuisson (2011-2012) avant de rejoindre l’équipe du Crédac en novembre 2012.
  • VIRGINIE LYOBARD — administratrice et secrétaire générale
    En parallèle d’études en philosophie à l’université Grenoble Alpes et en histoire de l’art à l’université de Lyon, Virginie Lyobard intègre différents collectifs artistiques tels que le Brise Glace (Grenoble), Grrrnd Zéro (Lyon), dans lesquels elle s’initie aux stratégies de gestion d’initiatives culturelles transversales. En 2011, elle fonde le Cri de l’Encre (Lyon), projet dans lequel elle se spécialise dans la micro-édition et le fanzinat, puis prend la direction de la Fanzinothèque en 2015. À Poitiers, elle développe Chantier Public, un centre d’art de proximité, et travaille en tant qu’assistante de direction au Confort Moderne. Elle rejoint l’équipe du Crédac en août 2022.
  • SÉBASTIEN MARTINS — responsable de la production et chargé des résidences
    Sébastien Martins est diplômé d’un master professionnel en commissariat d’exposition à l’université Rennes 2. Il a travaillé à Marcelle Alix et au Palais de Tokyo avant de rejoindre l’équipe du Crédac en octobre 2014.
  • LUCIA ZAPPAROLI — responsable du Bureau des publics
    Après des études d’histoire de l’art et de muséologie à Rome et Paris, Lucia Zapparoli s’est spécialisée dans le domaine de la médiation culturelle en art contemporain. Après plusieurs missions en tant que médiatrice culturelle (FIAC, Nuit Blanche, Monumenta), elle rejoint de 2014 à 2016 l’équipe de médiation du Palais de Tokyo. De 2017 à 2021, elle est chargée des publics à La Maréchalerie - centre d’art contemporain de l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles. En 2021, elle obtient un master professionnel en management des organisations culturelles à l’université de Paris Dauphine. Elle rejoint l’équipe du Crédac en octobre 2021.
  • KIM LAN HOANG-THUY — professeure relais de la Délégation Académique à l’éducation Artistique et Culturelle (Daac) de Créteil, partagée entre le Crédac & le Théâtre des Quartiers d’Ivry pour la valorisation patrimoniale de la Manufacture des Œillets.

  • Les principaux membres de l’équipe depuis 1986 :
    Lucie BAUMANN, responsable du Bureau des publics (2010-2017) / Axelle BLANC, responsable de la communication (2011-2014) / Rémy BRIÈRE, médiateur (2010-2013) / Philippe CYROULNIK, co-directeur (1986-1991) / Jean-Denis FRATER, administrateur (2018-2022) / Mathieu GILLOT, médiateur et régisseur (2008-2014) / Ana MENDOZA ALDANA, responsable de la communication, des éditions et de la recherche curatoriale (2020-2024) / Pauline MORET, chargée de la communication (2019-2020) / Pascal NEVEUX, adjoint et administrateur (1992-1999) / Léna PATIER, assistante de production, puis responsable de la communication et des éditions (2013-2020) / Mathieu PITKEVICHT, responsable du Bureau des publics (2017-2021) / Céline POULIN, responsable du service des publics (2007-2010) / Tony REGAZZONI, médiateur (2007-2009) / Thierry SIGG, fondateur du Crédac / Otto TEICHERT, co-directeur (1986-1991) / Jean-Louis TROCHERIE, directeur adjoint (2001-2017) / Madeleine VAN DOREN, directrice (1991-2003)

LE CONSEIL D’ADMINISTRATION


LE CONSEIL

  • Martin Bethenod — président
    commissaire d’exposition et critique d’art.
  • Paula Aisemberg — trésorière
    directrice des projets artistiques du groupe Emerige.
  • Antoine Goudet — secrétaire
    ancien directeur des services informatiques de la ville d’Ivry-sur-Seine.


LES MEMBRES

  • Jessica Castex — commissaire d’exposition au Musée d’Art Moderne de Paris.
  • Clément Dirié — directeur éditorial de JRP|Editions et commissaire d’exposition.
  • Vincent Gonzalvez — responsable des résidences à la Cité des internationale des arts, Paris.
  • Valérie Mavridorakis — professeure d’histoire de l’art contemporain à Sorbonne Université.
  • Estefanía Peñafiel Loaiza — artiste.

L’HISTOIRE DE LA MANUFACTURE DES ŒILLETS

LE BÂTIMENT AMÉRICAIN
Le bâtiment de briques rouges, construit en 1913 sur le modèle américain de la Daylight factory (« usine de la lumière du jour ») en verre et en acier, résonne comme le signal fort d’une proposition décisive, à savoir fournir aux travailleurs la lumière et l’air dont ils ont besoin pour préserver leur santé et leur efficacité. Audacieux et strict dans son apparence, le bâtiment de quatre niveaux, complètement dégagé à l’intérieur et clos par des fenêtres allant du sol au plafond, affiche l’ambition d’abandonner une architecture industrielle dictée par le régionalisme et les économies de coûts, au profit d’une construction plus internationale aux lignes claires et modernes rappelant l’école de Chicago ou l’usine Fagus de Walter Gropius et Adolf Meyer (1911-1925), modèle qui sera repris par le nouveau Bauhaus à Dessau (1925) .


DE LA MAISON BAC À LA MANUFACTURE DES ŒILLETS
Derrière le nom de la Manufacture des Œillets se cache la figure de Guillaume Bac (1809-1884), un ouvrier qui fonde en 1836 un atelier de fabrication de porte-plumes, plumes et encriers à Paris. Vers 1856, la famille Bac s’installe à Ivry ; la fabrique reste à Paris. En 1890, Charles, le fils de Guillaume Bac, donne le premier coup de pioche pour la construction de l’usine d’Ivry. La halle principale et la loge du gardien datent de cette époque. La halle, réalisée en brique et pierre meulière, est soutenue par une charpente métallique de grande portée. L’entrée du bâtiment est surmontée d’un fronton sculpté avec une horloge. En 1895, l’usine emploie 245 ouvriers et produit des porte-plumes et des œillets métalliques.


QUE SONT LES ŒILLETS ?
Les œillets sont des anneaux métalliques qui servent à renforcer les trous dans le tissu ou le cuir et peuvent accueillir un lacet, un cordon ou une corde. Ceux fabriqués à l’usine d’Ivry étaient utilisés dans la production de corsets, de chaussures, d’étiquettes et de bâches, ainsi que d’équipement militaire et industriel.
En 1899, la Maison Bac fusionne avec la Compagnie française, une entreprise qui fabrique des stylos métalliques à Boulogne-sur-Mer. En 1904, la production de porte-plumes est transférée à Boulogne tandis que les opérations de passe-partout restent dans l’usine d’Ivry, qui prend alors le nom de Manufacture Française d’Œillets Métalliques (MFOM). L’usine est bien équipée à cette époque avec un nombre impressionnant de machines, notamment cinquante-sept presses verticales et trente-cinq presses à vis pour l’estampage et la découpe des passe-fils.


UNE USINE AMÉRICAINE
En 1905, la Manufacture des Œillets devient une filiale de United Shoe Machinery, une multinationale américaine qui fabrique des machines pour l’industrie de la chaussure. L’agrandissement de l’usine d’Ivry devient rapidement une nécessité car le bâtiment ne correspond plus aux normes de production modernes. Le projet est confié à l’ingénieur Paul Sée. La construction débute en 1913 par la « tour » donnant sur la cour et les six premières travées, ou sections, du bâtiment dit « américain ». Ce bâtiment sera prolongé jusqu’à la rue Raspail en 1924. Il ressemble à l’usine mère américaine de United Shoe Machinery à Beverly, Massachusetts (1902-06) et à sa filiale canadienne à Montréal (1911). La MFOM reprend les caractéristiques de la Daylight factory : les ateliers occupent quatre plateaux libres dont les façades sont entièrement vitrées. Cependant, contrairement à l’usine de Beverly, construite en béton armé, celle d’Ivry possède une charpente métallique avec un remplissage en briques. Les fonctions non directement liées à la production sont situées à l’extérieur des ateliers, dans la tour, qui abrite les escaliers, les vestiaires et les sanitaires. Cette architecture dépouillée, sans fioriture, entièrement soumise aux exigences de la production, reste l’une des premières manifestations du fonctionnalisme en France.


APOGÉE ET DÉCLIN
En 1923, les ateliers de la Manufacture Française d’Œillets Métalliques sont transférés dans de nouveaux locaux – aujourd’hui rasés – à l’angle de la rue Truillot. Dans la halle principale désormais libérée, United Shoe Machinery installe la Turner Tanning Machinery Company, une filiale américaine qui produit des machines de tannerie. En 1935, les trois établissements couvrent 86 000 m2 et emploient près de 600 salariés.
United Shoe Machinery introduit en France les méthodes paternalistes déjà expérimentées à Beverly. En 1930, l’abbé Garin, chroniqueur local, note que les employés de la firme « jouissent d’avantages notables grâce aux bonnes œuvres sociales que la société a créées pour eux : jardins ouvriers, système d’assurance mutuelle, caisse de compensation, différence de salaire entre les chefs de famille, et enfin un régime de retraite très important puisqu’il est égal au salaire de l’ouvrier ». Néanmoins, des grèves sont déclenchées en 1934 et 1936.
Dans la nuit du 26 au 27 août 1944, la Manufacture est touchée par des bombes et une façade latérale de la grande halle s’effondre. En mai 1968, la MFOM et l’usine United sont occupées par des manifestants. Les années 1960 et 1970 sont marquées par l’émergence de préoccupations environnementales. Le nombre croissant d’habitants dans la zone conduit à l’arrêt de certains types de production dangereux ; les pétitions des riverains dénoncent également les odeurs et les fumées qui s’en dégagent.
Sous l’égide d’Emhart, puis de Black & Decker, la MFOM continue de se diversifier dans les années 1980. L’entreprise produit et distribue des rivets automobiles, des bornes de télévision, des petites pièces pour l’électronique et l’électroménager, et la fameuse cheville Molly qui permet de fixer solidement des objets dans les murs creux entre les montants.


FERMETURE DE L’USINE ET RECONVERSION
Les espaces accessibles depuis le 31 rue Raspail sont rachetés en 1988 par un collectif qui y installe des espaces de travail pour artistes. La partie du site aujourd’hui appelée Manufacture des Œillets est acquise en 1989 par un ancien architecte, Eric Danel, qui y installe un lieu culturel pluridisciplinaire. Après des travaux de rénovation et d’aménagement, l’ouverture du lieu en novembre 1995 est marquée par la reprise de la pièce de Bernard-Marie Koltès Dans la solitude des champs de coton, mise en scène par Patrice Chéreau pour le Théâtre de l’Odéon.
En 1996, la grande salle, le bâtiment américain et la maison du gardien sont inscrits à la liste supplémentaire des monuments historiques. Depuis 2001, le rez-de-chaussée et le premier étage du bâtiment américain accueillent l’École professionnelle supérieure d’arts graphiques et d’architecture de la Ville de Paris (EPSAA). La Ville d’Ivry-sur-Seine acquiert le site en 2009. Le Crédac s’installe au troisième et dernier étage en 2011, suivi en 2016 par le Théâtre des Quartiers d’Ivry - Centre Dramatique National du Val-de-Marne, qui a inauguré un nouvel espace théâtral dans la « halle française ».