Le Crédac

Le Carillon de Big Ben 1

Exposition collective

Artistes : Leonor Antunes, Renée Levi, Bojan Šarčević. Invité spécial : Didier Rittener

Commissariat : Claire Le Restif

Lorsque Gilles Drouault m’a invitée à la Galerie de Multiples, j’ai accepté avec la ferme intention de ne pas faire une exposition mais de produire un projet. Pour ne pas être de passage et inscrire cette proposition dans l’histoire de la galerie, au long cours. J’ai eu envie immédiatement d’inviter des artistes étrangers avec lesquels j’ai déjà eu l’occasion de travailler, dans une échelle toute autre.

Le lieu intime de la galerie m’a indiqué certaines notions telles que l’échelle, le format, la mesure, le déploiement et le repli.

C’est ce qu’on observe dans la proposition de Leonor Antunes. Le système de triangulation qui constitue son œuvre, s’inspire directement du système de mesure de l’arc du Méridien inventé par deux arpenteurs astronomes, Delambre et Méchain, entre Dunkerque et Barcelone, entre 1792 et 1798. Dans son travail artistique, elle reconsidère, se saisit, retient, étudie au travers de la lecture libre et propre à elle-même : une forme, un fragment, un plan. De plus la duplication est une de ses préoccupations majeures. Un de ses premiers catalogues portait comme titre Duplicate : manifeste.

Le travail de Bojan Šarčević est très emprunt des questions de construction, de déconstruction et de reconstruction. Le multiple proposé par Bojan Šarčević évoque une étagère de petite dimension. Cette sculpture, structure fragile, reconsidère d’une certaine manière l’ambiguïté avec laquelle les designers du Bauhaus produisaient des objets à la lisière de l’art, en série.

Renée Levi est peintre. Elle travaille une peinture déployée dans l’espace. Mais elle réalise également des tableaux. Ici elle répond par une image. A contre-jour, éblouie, Renée Levi cache ses yeux. Devant elle on devine une benne dans laquelle elle a plongé certains de ses tableaux sur châssis, restés emballés. L’intensité des couleurs qu’elle utilise, les fluorescents en particulier, qui électrisent l’espace et donne une vibration au contexte, se taisent. C’est une image distancée, humoristique que nous confie Levi, d’autant qu’elle a invité Olivier Mosset à écrire un texte sur cette image, lui qui ne s’intéresse, dit-il, qu’à la peinture.

Après une discussion autour d’un projet d’édition, j’ai eu envie d’inviter Didier Rittener à répondre à ce projet. Cet artiste s’intéresse à la mémoire collective (aux images multiples, issues de livres savants ou de vulgarisation) et individuelle liée à la sélection personnelle que l’on opère à travers cette multiplicité d’images. Dans son livre manifeste Libre de droits – le titre provient des encyclopédies visuelles L’aventurine qui propose d’anciennes représentations libres de droits qui peuvent être reproduites et dont on peut s’inspirer – il défie la notion d’originalité et qu’il utilise des sources existantes que j’ai souhaité l’associer à cette exposition.

Car réutiliser des formes existantes, doit-on le rappeler, est un langage. La partie continue !

Biographies artistes

  • Née en 1972 à Lisbonne. Vit et travaille à Berlin.

  • Née en 1960 à Istanbul, Turquie. Vit et travaille à Bâle, Suisse. http://reneelevi.ch/

  • Né en 1974, à Belgrade. Vit et travaille à Berlin et à Paris.

  • Didier Rittener, né à Lausanne en 1969, est un artiste peintre, dessinateur et sculpteur.

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