Retour de Marsyas
Artistes : Larry Achiampong & David Blandy, Nina Davies, Bassam Issa Al-Sabah
Commissariat : Caroline Honorien
À l’occasion de son exposition Fleur, Feu, Roy Köhnke invite Caroline Honorien, critique d’art indépendante, éditrice et curatrice d’exposition, à programmer une série de vidéos dans le Crédakino, espace de projection du Crédac. Elle propose Retour de Marsyas, un cycle qui interroge la peau comme interface au monde, à l’histoire et aux nouvelles technologies.
Dans la mythologie grecque, Marsyas est un joueur de flûte dont l’instrument à deux tuyaux est capable d’imiter les voix, les rires et les pleurs humains. Le talent de ce musicien, également réputé pour sa capacité à guérir les maladies, parvient jusqu’à Apollon et suscite sa jalousie. Après un duel, le dieu fait écorcher Marsyas vif. Le corps mis à nu de Marsyas devient ainsi le théâtre d’un châtiment, un espace où le pouvoir et la chair se rencontrent.
C’est à travers et tout contre la peau que notre rapport au monde devient palpable. L’épiderme est une surface qui se donne à lire ou qui est scrutée. Elle est à la fois frontière résistante et poreuse. Retour de Marsyas explore cet organe comme une interface où mémoire, technologie, assignations et revendications se croisent et se redéfinissent.
Chaque vidéo du programme examine la tension entre le corps, le contrôle et la quête d’auto-détermination. Ces œuvres présentent des mondes où le réel et le virtuel s’entrelacent, à la fois pour affirmer le pouvoir et pour créer des espaces de résistance. Des mondes où les métamorphoses ancestrales de l’araignée divine Anansi, les glitchs, ou encore les gestes et danses inspirés des jeux vidéo permettent d’explorer et subvertir des systèmes de contrôle – eugénisme, technologies prédictives, normes de genre – tout en investissant des brèches.
Dans les jeux vidéo, le skin (littéralement « peau »), l’apparence personnalisable d’un personnage, incarne cette ambivalence. Marqueur d’identité, de distinction et même de valeur, il devient à la fois l’expression d’une subjectivité, d’une appartenance et de la marchandisation de soi.
Retour de Marsyas, revanche du satyre dont les fibres du corps supplicié laissaient passer la lumière du jour, nous invite à interroger la peau dans toutes ses dimensions – réelles et virtuelles – comme un site d’expérimentation où se réinventent les récits et les corps.
Trois films sont projetés en continu :
- Larry Achiampong & David Blandy, God Mode, 2023
vidéo couleur, son, 11 min 52 s
- Nina Davies, Precursing, 2023
vidéo couleur, son, 11 min 12 s
- Bassam Issa Al-Sabah It’s Dangerous to go Alone! Take This, 2023
vidéo couleur, son, 29 min 29 s
Documents
- Feuille de salle — RETOUR DE MARSYAS769.77 KB / pdfTéléchargement