Programme Crédakino
Louidgi Beltrame, Jean-Charles Hue, Maria Laet
Commissariat : Claire Le Restif
Louidgi Beltrame, Lägerstatte, 2010
Film super-8 transfert HD, muet ; 9 min 30 s
Lagerstätte se situe à la croisée du document d’archéologie expérimentale et du film de tourisme. Auto filmé sur une durée d’une semaine pendant l’été 2009 en Bourgogne dans une carrière abandonnée, Lagerstätte montre Louidgi Beltrame et Elfi Turpin se livrant à la recherche et à l’extraction d’ammonites, sous-classe éteinte des mollusques que l’on connaît uniquement sous forme de fossiles.
Jean-Charles Hue, Les lumières d’Atlas, 2020
Vidéo couleur, son ; 1 min 38 s
« La table de montage Atlas, c’est le souvenir des premières images et films réalisés. C’est un objet extrêmement encombrant que j’ai pourtant désiré emporter partout où j’ai vécu. Pour cette vidéo j’ai replacé sur la table de montage les images 16mm de l’un de mes premiers films (La flor al culo) projeté lors de ma première exposition personnelle en 2001. Ces images ont été tournées à Barcelone. C’est dans cette ville que tout a commencé pour moi. Faire remonter à la surface ces images aujourd’hui et leur donner un nouveau sens avec l’aide de mes deux fils fut une expérience assez magique et émouvante. »
Maria Laet, Notas sobre o limite do mar, 2012
Vidéo couleur ; 11 min 42 s
Coudre : un acte anodin et domestique. Coudre le sable : un geste insensé et de mise en tension de l’impossible et du vain. Coudre sur la ligne imperceptible que laisse l’écume d’une vague à marée basse sur le rivage : un geste qui tente de matérialiser l’immatériel, de rendre visible une limite entre deux univers qui se joignent et se disjoignent inlassablement. Ainsi dans la vidéo Notas sobre o limite do mar, nous suivons la main de l’artiste ourlant le sable grâce à une aiguille et un fil de coton. Effort tendu et repris, puis abandonné… L’acte, les points friables de couture effacés par le flux et la remontée de la vague. Il y a une abstraction vivante dans le travail de Maria Laet. La couture du sable est un instant du visible de l’impalpable et d’un désir d’imaginaire, un instant de « dialogue » et d’équilibre entre le monde humain industrieux et une nature aussi puissante que mouvante. Mais, ce peut être, aussi, un échec de la ligne humaine dans sa capture de la ligne minérale, marquant sans bruit l’inutilité de notre volonté de maîtrise. Une sorte d’échec à la frontière, qui nous ramène dans le temps de l’effacement, de la disparition, du passager, et de la fragilité du visible. La vidéo en devenant l’image et l’archive.
Marjorie Micucci