Des Multitudes
Benjamin Hochart
L’atelier de Benjamin Hochart consiste en une expérimentation des points de vue et de la mise en forme de ces points de vue par différents procédés avec les élèves de 6e- 5e de l’atelier d’arts plastiques du collège Molière d’Ivry dirigé par Elisabeth Leroy-Viniane.
« Le regard est par nature directionnel. Faire le choix d’une direction de regard implique de perdre, de laisser de côté, d’autres directions, d’autres angles ou points de vue. En ce sens, le regard procède du fragment. Ce que l’on aurait pu voir laisse la place à ce qui est vu. Et ce qui est vu n’est qu’une infime partie de l’ensemble perceptible. Un regard, même circulaire, ou dans la tentation d’une perception accrue, ne peut être alors qu’une tentative de montage d’images fixes. (cf. chronophotographie de Marey ou zoopraxiscope de Muybridge).
Ce montage inclut la notion de coupe, de manque. Des multitudes d’alternatives peuvent prendre place dans les interstices entre les images perçues ou les objets regardés. D’où l’intérêt de se fixer sur le mouvement des images ou des objets plutôt que sur les images ou objets même. En considérant l’abstraction comme une manière de fuir la figure, peut-être il est plus aisé d’ouvrir ainsi les champs des possibles et d’évoquer des multitudes d’interprétations. Tout au moins, l’assimilation à des figures reconnaissables se trouve limitée.
Comment choisir un de ces points de vue (au sens oculaire du terme) et éliminer les autres possibilités ? Comment ces autres possibilités une fois éliminées, l’image choisie devient-elle une norme ? Comment cette norme crée la notion de monstruosité (au sens où l’interprétation logique, majoritaire, rend les autres interprétations monstrueuses puisque hors-norme) ? Comment tout cela peut avoir à faire avec des formes d’autorité ? Comment montrer des multitudes en une forme : dessin, objet, sculpture ou image ? »
Benjamin Hochart
Biographie artiste
Benjamin Hochart (né en 1982, vit et travaille à Aubervilliers) est diplômé de l’École nationale des beaux-arts de Lyon en 2006. Il revendique les influences de la bande-dessinée, de la science-fiction, de l’art brut et des arts populaires, des pratiques textiles diverses et des arts premiers, comme les témoins d’une activité artistique fondée sur la non-hiérarchie des genres et des arts. Son travail propose des formes aux lectures multiples qui tentent de perturber l’ordre établi des choses en explorant le potentiel politique des positions marginales issues des contre-cultures ou des cultures populaires. En expérimentant de multiples supports et processus (dessin, sculpture, installation, vidéo, édition…), sa recherche donne entre autres à voir des questionnements relatifs à l’assemblage, la fiction et l’improvisation.