Dungeness’ Seed Bomb
Benoît Piéron
Atelier participatif avec l’artiste Benoît Piéron à partir des plantes du jardin de Prospect Cottage créé par Derek Jarman.
Ouvert à tous les publics, gratuit sur réservation.
Dans le cadre de l’exposition Derek Jarman - Dead Souls Whisper (1986-1993) au Crédac, l’artiste Benoît Piéron invite le public à encapsuler le jardin que Derek Jarman crée à partir de 1987 autour de sa maison baptisée Prospect Cottage à Dungeness dans le Kent. Avec Benoît Piéron, qui pratique le « jardinage existentiel », les participant·e·s herborisent les allées du jardin de Prospect Cottage en un voyage immobile, avant de réduire en poudre de la tourbe et d’y ajouter semences et fertilisant pour disséminer ce jardin au-delà des limites spatio-temporelles de l’exposition au Crédac.
Cette poudre est contenue dans des gélules de couleur bleue, clin d’œil à l’amour que Jarman portait aux couleurs, et à son dernier long métrage Blue (1993) diffusé dans le Crédakino tout au long de l’exposition.
Chaque participant·e emporte un échantillon de Prospect Cottage dans une gélule bleue qui, une fois plantée dans la terre, agit comme une petite serre favorisant la germination des graines. Un bol de gélules sera également disposé sur le comptoir de l’accueil pour le public après l’événement.
Graines contenues dans les gélules, avec de la tourbe et un fertilisant :
- Artemisia absinthium - Absinthe - grande absinthe
- Borago officinalis - Bourrache officinale
- Centaurea cyanus - Bleuet des champs
- Centranthus ruber - Valériane rouge
- Crambe cordifolia- Chou nuage blanc
- Crambe maritima - Crambe maritime ou chou marin
- Cytisus scoparius - Genêt à balais
- Digitalis purpurea - Digitale pourpre
- Foeniculum vulgare - Fenouil vivace
- Papaver rhoeas - Coquelicot
- Rosa canina - Eglantier - Rosier des chiens
- Rosa rugosa - Rosier rugueux
- Ruta graveolens - Rue officinale
- Santolina chamaecyparissus - Santoline petit Cyprès
Atteint du virus du sida, Derek Jarman (1942-1994) consacre une grande partie de son temps à son jardin sur la lande face à la mer et à proximité d’une centrale nucléaire. Il aménage et plante autour de sa maison en ramassant des galets, des bois flottés, des vieux bouts de métal, des plantes indigènes puis d’autres qu’il acclimate. Passionné de botanique depuis son enfance, il associe son regard de peintre, son savoir-faire horticole et ses convictions écologiques pour créer un paysage d’une rare magie où fleurs, arbustes, silex, coquillages et bois flotté se mêlent à des sculptures associant pierres, vieux outils rouillés comme autant de petites œuvres d’art serties dans un décor sans cesse changeant. Sur ce terrain hostile et battu par les vents, il fait « pousser des couleurs » alors même que sa vision s’éteint. Le soin qu’il apporte au jardin soigne métaphoriquement aussi les blessures. Face à la maladie et à l’effondrement des êtres, la vivacité des plantes, leurs cycles de vie et de mort sur une terre aride confrontée à un climat particulièrement difficile, le jardin de Prospect Cottage devient l’image d’un combat contre un corps qui trahit l’artiste, et un symbole de résilience.
Biographie artiste
Benoît Piéron est un artiste français né en 1983 à Ivry-sur-Seine. Il crée des moments, des installations et des objets et s’intéresse à la sensualité des plantes, aux frontières du corps et à la temporalité des salles d’attente. Benoît Piéron pratique le patchwork, le jardinage existentiel et dessine des papiers peints. Ayant toujours vécu avec une maladie de compagnie, l’univers hospitalier est son écosystème.
Diplômé avec les félicitations du jury de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2007, il participe au programme de résidence de la Fondation d’entreprise Hermès en 2010. En 2011-2012 il est pensionnaire à la Casa de Velázquez, l’académie de France à Madrid. Accueilli en résidence à la Galerie Fernand Léger d’Ivry-sur-Seine en 2014, il y fera sa première exposition personnelle en 2015. En 2018, il expose en solo au Centre d’art contemporain Les Tanneries d’Amilly. Résident à la Cité Internationale des arts en 2020 et 2021, il donne en parallèle de ses expositions des ateliers tricotés autour de l’herborisation, du validisme. En 2021 il végétalise le stand de la galerie Mendes Wood à la Fiac et fait pousser une grande touffe d’herbe dans la cour du MAT – centre d’art contemporain à Ancenis. Depuis quelques mois il s’interroge sur la nourriture des licornes, la place de l’orgasme à l’hôpital et les flores létales. Ses œuvres ont été exposées en France, à Bruxelles au Japon, en Corée, en Espagne et au Canada.